Le dosage des substituts nicotiniques
Toute personne qui utilise des substituts nicotiniques
se pose des questions importantes et légitimes sur
le dosage. La première chose à faire est de
calculer la dose à laquelle on était habitué,
en tant que fumeur. Car il y a entre 6 et 17 mg de nicotine
dans chaque cigarette, dont 1 à 2 mg seront absorbés
par le fumeur.
Message 118:
La plupart des spécialistes sont d'avis que le dosage
en substituts nicotiniques doit être d'environ 1 mg
de nicotine par cigarette éliminée. D'après
ce principe, une personne qui fume 20 cigarettes par jour
pourrait prendre un patch à 15 mg ainsi que 5 tablettes
à 1 mg. Celle qui consomme 40 cigarettes par jour
pourrait mettre un patch à 21 mg et mâcher
tous les jours 9 ou 10 gommes à 2 mg.
Ce principe de 1 mg de nicotine par cigarette doit toutefois
être relativisé. D'abord, Il faut garder en
mémoire que les gommes et les patchs relâchent
seulement 70% à 75% de la nicotine qu'ils contiennent,
contrairement aux tablettes et microtablettes dont toute
la nicotine est ingérée. Ensuite, des recherches
récentes montrent que le nombre de cigarettes par
jour doit être pondéré par l'intensité
avec laquelle on "tire" sur la cigarette. Mais
le fait d'être incapable d'arrêter de fumer
même si on est malade au lit, ou de fumer tel ou tel
type de cigarettes, ne sont pas d'une grande utilité
pour déterminer la dose de substituts nicotiniques.
Il ne faut surtout pas oublier que les cigarettes légères
sont capables de délivrer autant de nicotine que
les autres!
Les personnes qui tirent très fort sur leurs cigarettes
et qui n'arrivent pas à réduire leur consommation
auront sans doute besoin d'une dose plus forte de substituts
nicotiniques. De manière générale,
les fumeurs très dépendants doivent être
suivis par un médecin.
A contrario, les personnes qui fument moins de 5 cigarettes
par jour, qui fument leur première cigarette de la
journée plus d'une heure après le réveil
et qui ne ressentent pas de symptômes de sevrage ne
sont probablement pas dépendantes. Pour ces personnes,
les substituts nicotiniques sont moins utiles. Si elles
se sentent néanmoins très dépendantes,
il se peut que l'addiction soit moins physique que psychologique
ou comportementale. Dans ce genre de cas, un soutien médical
ou psychologique est également indiqué.
Enfin, tous les gens ne sont pas égaux devant la
même dose de nicotine. Des facteurs physiologiques
spécifiques, souvent héréditaires,
déterminent en effet la proportion de nicotine qui
devient disponible dans le sang ainsi que la sensibilité
de l'organisme à la nicotine.
Message 153:
Le surdosage de substituts nicotiniques est plutôt
rare. Mais cela arrive, alors il mieux vaut savoir en reconnaître
les signes: dégoût total du tabac, goût
désagréable dans la bouche, maux de tête,
vertiges, insomnies, augmentation du rythme cardiaque, nausées,
voire diarrhées. En cas de surdosage, il suffit généralement
d'enlever son patch ou de cracher sa gomme ou sa pastille
de nicotine.
Le sousdosage est un phénomène bien plus
courant. Ce sont alors les symptômes de sevrage qui
apparaissent, et on risque de faire une rechute. Mais si
on ne se sent pas bien (nervosité, insomnies), il
n'est pas toujours facile de savoir si c'est parce qu'on
prend trop de substituts nicotiniques ou pas assez. En principe,
si on a encore envie de fumer, il s'agit d'un sous-dosage.
Et si on est totalement dégoûté du tabac,
c'est un surdosage. Si on souffre de ce genre de symptômes
ou si on a un doute quant au dosage, il faut consulter un
médecin.
La durée recommandée du traitement avec
les substituts nicotiniques est de 2 mois à 3 mois.
Il est déconseillé d'arrêter plus tôt,
même si on se sent bien, parce que les rechutes sont
très fréquentes durant les premiers mois après
l'arrêt du tabac. L'arrêt intempestif du traitement
est l'une des plus grandes causes d'échec du sevrage
tabagique.
L'arrêt du traitement: en général, on
conseille de ne pas arrêter les substituts nicotiniques
d'un coup, l'idée étant de laisser à
l'organisme le temps de se désaccoutumer. Mais des
études cliniques montrent que les personnes qui arrêtent
les substituts du jour au lendemain ont autant de chances
que les autres de réussir l'arrêt durable du
tabac. C'est donc avant tout une question de stratégie
personnelle, qu'on doit déterminer seul ou avec son
thérapeute. Tout au plus, on recommande aux fumeurs
qui arrêtent les substituts nicotiniques d'en garder
quelques-uns à portée de main pendant les
premières semaines, en cas de besoin urgent (tout
vaut mieux que de reprendre une cigarette!).
vidéo de Jean-François Etter sur le dosage de nicotine - version PDF
Références:
Comment
prescrire les substituts nicotiniques. S Raymond et
al. La revue du praticien, Médecine générale
16(580), pp. 1069-1073 (2002).
Le Dr Humair répond aux questions - Forum
stop-tabac.ch
.
JF Etter, TV Perneger Journal of Epidemiology & Community
Health 55, pp. 674-680 (2001).
|