Rendre son logement "non-fumeur" favorise l'arrêt du tabac chez les personnes motivées
Selon des chercheurs de l'Etat d'Oregon (nord-ouest
des Etats-Unis), le fait de rendre sa maison ou son appartement
entièrement "non-fumeur" augmente les chances
de réussir à arrêter de fumer. Mais
cette mesure est utile seulement pour les personnes réellement
motivées à l'arrêt du tabac.
Les résultats de la Dr Barbara Pizacani et de ses
collègues du Service d'épidémiologie
de l'Etat de l'Oregon se fondent sur 565 fumeurs que l'équipe
a suivis pendant presque deux ans. Pendant cette période,
certains participants ont interdit à toute personne
de fumer à l'intérieur de leur logement, alors
que d'autres le permettaient (groupe témoin).
D'après les premières analyses, c'est surtout
les fumeurs jeunes ayant des enfants qui se sont volontairement
imposé cette interdiction. Lors du suivi, les chercheurs
ont observé que les personnes ayant vécu dans
une ambiance sans fumée étaient deux fois
plus nombreuses à avoir tenté d'arrêter
de fumer. De plus, parmi toutes les personnes ayant essayé
d'arrêter, celles qui ne pouvaient pas fumer à
la maison ont réussi à s'abstenir plus longtemps
que les autres. Et pourtant, au terme des deux ans d'étude,
la proportion ayant arrêté de fumer de manière
durable était équivalente dans les deux
groupes (environ 30%).
Les chercheurs se sont alors intéressés à
l'état d'esprit qui animait les participants à
l'étude. Prudente, Barbara Pizacani avait déterminé
leurs intentions tout au début du processus. A l'époque,
les trois quarts des personnes qui allaient opter pour un
logement non-fumeur avaient la ferme intention d'arrêter
de fumer, contre à peine plus de la moitié
dans le groupe témoin.
Une analyse fine a montré que les personnes n'ayant
pas vraiment l'intention d'arrêter n'ont pas été
influencées par le caractère fumeur ou non-fumeur
de leur logement (leur chances d'arrêter durablement
étaient d'environ 16%dans les deux cas). Mais pour
les personnes qui avaient au départ la ferme intention
d'arrêter, disposer d'un logement non-fumeur augmentait
très nettement les chances d'arrêt durable
du tabac. Selon les calculs, ces chances étaient
doublées, voire quadruplées!
Dans leurs conclusions, les chercheurs relèvent
que leur étude ne permet
pas de savoir si le fait de rendre son logement non-fumeur
renforce la volonté d'arrêt du tabac, ou si
les gens motivés ont simplement plus de chances de
rendre leur logement non-fumeur. Quoi qu'il en soit, il
est certain que le désir de vivre dans un milieu
non-enfumé et le celui d'arrêter le tabac vont
dans le même sens. Ils se renforcent l'un l'autre.
En résumé, il faut être motivé
pour arrêter de fumer, mais souvent cela ne suffit
pas. Le fait de déclarer son logement "zone
non-fumeurs" peut alors augmenter les chances de réussite.
Même en cas d'échec du sevrage, cette mesure
peut être maintenue afin d'améliorer la qualité
de l'air au domicile, notamment pour que les autres personnes
du ménage ne soient plus exposées aux dangers
de la fumée passive.
Genève, le 19 mai 2004
Derek Christie
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